Ămile Zola, Les Rougon-Macquart
Puis, dĂ©filaient, en plaisanteries froides, les ruses de la VolontĂ© qui mĂšne le monde, la bĂȘtise aveugle du vouloir-vivre.
La joie de vivre, chapitre III
Son béguin de la mort s'en allait devant l'éternelle et sévÚre amitié que demandait la terre
L'assommoir
⊠parce qu'on la plaçait prÚs d'Augustine qui bien sûr devait avoir mangé ses pieds tant elle trouillotait du goulot.
L'assommoir
⊠quelque chose comme un heureux sommeil dans les saletés inévitables de l'existence.
Nana
â Mon Dieu ! mademoiselle, celle-ci ou celle-lĂ , toutes les baraques se ressemblent. Au jour dâaujourdâhui, qui a fait lâune a fait lâautre. Câest cochon et compagnie.
Pot-bouille
Au vent des fenĂȘtres, les bougies s'effaraient et coulaient
Au bonheur des dames
Jusquâau bout, il lui fallait assister Ă lâĆuvre invincible de la vie, qui veut la mort pour continuelle semence.
Au bonheur des dames, chapitre XIII
⊠comme si elle voyait passer, sur ce visage blĂȘme, le souffle glacĂ© du jamais plus.
La joie de vivre, chapitre III
â Voyons, vous, dites-lui donc comment vous faites pour ĂȘtre toujours contente.
â Oh ! moi, rĂ©pondit-elle dâun ton de plaisanterie, je tĂąche de mâoublier, de peur de devenir triste, et je pense aux autres, ce qui mâoccupe et me fait prendre le mal en patience.
La joie de vivre, chapitre VII
[âŠ] Toujours il aboutissait Ă cette dĂ©livrance : ne rien souhaiter dans la crainte du pire, Ă©viter le mouvement qui est douleur, puis tomber Ă la mort tout entier.
La joie de vivre, chapitre IX
Ah ! tu avais raison, il nây a que la gaietĂ© et la bontĂ©, le reste est un simple cauchemar. [âŠ] â Ătait-ce imbĂ©cile, ces nĂ©gations, ces fanfaronnades, tout ce noir que je broyais par crainte et par vanitĂ© ! [âŠ] Oui, toi seule Ă©tais sage. Lâexistence devient si facile, lorsque la maison est en belle humeur et quâon y vit les uns pour les autres !⊠Si le monde crĂšve de misĂšre, quâil crĂšve au moins gaiement, en se prenant lui-mĂȘme en pitiĂ© !
La joie de vivre, chapitre X
Souffle la chandelle, je nâai pas besoin de voir la couleur de mes idĂ©es.
Germinal, partie I, chapitre II
Elle, plus vieille que lui de six ans, était affreuse, usée, la gorge sur le ventre et le ventre sur les cuisses, avec un mufle aplati aux poils grisùtres, toujours dépeignée.
Germinal, partie II, chapitre III
â Tout dĂ©truire⊠Plus de nations, plus de gouvernements, plus de propriĂ©tĂ©, plus de Dieu ni de culte. [...] â Par le feu, par le poison, par le poignard. Le brigand est le vrai hĂ©ros, le vengeur populaire, le rĂ©volutionnaire en action, sans phrases puisĂ©es dans les livres. Il faut quâune sĂ©rie dâeffroyables attentats Ă©pouvantent les puissants et rĂ©veillent le peuple.
Germinal, partie IV, chapitre IV
Vous avez beau crier contre les riches, le courage vous manque de rendre aux pauvres lâargent que la fortune vous envoie⊠Jamais vous ne serez dignes du bonheur, tant que vous aurez quelque chose Ă vous, et que votre haine des bourgeois viendra uniquement de votre besoin enragĂ© dâĂȘtre des bourgeois Ă leur place.
Germinal, partie VI, chapitre III
Ă quoi bon vouloir combler le nĂ©ant ?⊠Et dire que nous le savons, et que notre orgueil sâacharne !
L'Ćuvre, chapitre XI
Hubertine se dĂ©solait, tourmentĂ©e par son remords dâavoir laissĂ© AngĂ©lique ignorante Ă ce point. Elle aurait voulu lui dire les dures leçons de la rĂ©alitĂ©, lâĂ©clairer sur les cruautĂ©s, les abominations du monde, prise dâembarras, ne trouvant pas les mots nĂ©cessaires. Quelle tristesse, si, un jour, elle avait Ă sâaccuser dâavoir fait le malheur de cette enfant, Ă©levĂ©e ainsi en recluse, dans le mensonge continu du rĂȘve !
Le rĂȘve, chap. IX
Alors, il conta en dĂ©tail la façon dont le chef de lâexploitation lâavait reçu. Oh ! un lavage de tĂȘte en rĂšgle ! [âŠ] En somme, le chef lui donnait raison dâavoir voulu faire respecter la consigne ; mais le terrible Ă©tait la parole quâil avouait lui-mĂȘme : « Vous ne serez pas toujours les maĂźtres ! » On le soupçonnait dâĂȘtre rĂ©publicain.
La BĂȘte humaine, chapitre I
[âŠ] En quelques mois de mĂ©nage, leur mauvaise grĂące, leur sĂ©cheresse Ă tous deux sâĂ©taient communiquĂ©es et exagĂ©rĂ©es. Ils se gĂątaient ensemble, [âŠ]
La BĂȘte humaine, chapitre IV
Mais les morts inconnus, les victimes sans nom, sans histoire, emplissaient surtout dâune pitiĂ© infinie le cĆur de madame Caroline. Ceux-lĂ Ă©taient lĂ©gion, jonchaient les buissons Ă©cartĂ©s, les fossĂ©s pleins dâherbe, et il y avait ainsi des cadavres perdus, des blessĂ©s rĂąlant dâangoisse, derriĂšre chaque tronc dâarbre. Que dâeffroyables drames muets, la cohue des petits rentiers pauvres, des petits actionnaires ayant mis toutes leurs Ă©conomies dans une mĂȘme valeur, les concierges retirĂ©s, les
pĂąles demoiselles vivant avec un chat, les retraitĂ©s de province Ă lâexistence rĂ©glĂ©e de maniaques, les prĂȘtres de campagne dĂ©nudĂ©s par lâaumĂŽne, tous ces ĂȘtres infimes dont le budget est de quelques sous, tant pour le lait, tant pour le pain, un budget si exact et si rĂ©duit, que deux sous de moins amĂšnent des cataclysmes !
Et, brusquement, plus rien, la vie coupĂ©e, emportĂ©e, de vieilles mains tremblantes, Ă©perdues, tĂątonnantes dans les tĂ©nĂšbres, incapables de travail, toutes ces existences humbles et tranquilles jetĂ©es dâun coup Ă lâĂ©pouvante du besoin !
L'argent, chapitre XI
lâhumanitĂ© vague, obstinĂ©e Ă son labeur mystĂ©rieux, en marche vers son but ignorĂ©.
Le Docteur Pascal, Chapitre V
- La Fortune des Rougon (1871)Â : Pierre Rougon, Antoine Macquart, SilvĂšre Mouret
- Son Excellence EugĂšne Rougon (1876)Â : EugĂšne Rougon
- La Curée (1872) : Aristide Rougon-Saccard, Maxime Saccard
- LâArgent (1891) : Aristide Saccard, Victor Saccard
- Le RĂȘve (1888) : AngĂ©lique Rougon
- La ConquĂȘte de Plassans (1874) : François et Marthe Mouret
- Pot-Bouille (1882)Â : Octave Mouret
- Au Bonheur des Dames (1883)Â : Octave Mouret
- La Faute de lâabbĂ© Mouret (1875) : Serge Mouret
- Une page dâamour (1878) : HĂ©lĂšne Mouret-Grandjean, Jeanne Grandjean
- Le Ventre de Paris (1873)Â : Lisa Macquart-Quenu, Claude Lantier
- La Joie de vivre (1884)Â : Pauline Quenu
- LâAssommoir (1877)Â : Gervaise Macquart
- LâĆuvre (1886) : Claude Lantier
- La BĂȘte humaine (1890)Â : Jacques Lantier
- Germinal (1885)Â : Ătienne Lantier
- Nana (1880)Â : Anna Coupeau
- La Terre (1887)Â : Jean Macquart
- La Débùcle (1892) : Jean Macquart
- Le Docteur Pascal (1893)Â : Pascal Rougon, Clotilde Saccard